Divorcée, au bord de la ruine, endeuillée, isolée dans sa ferme/centre équestre et obligée de subir le comportement versatile de Claire, sa fille toxicomane... On peut légitimement dire que Kate n'est pas dans la e la plus fofolle de son existence. Et, pour arranger les choses, lorsque Claire franchit une énième fois le pas de sa porte en lui affirmant qu'elle est clean, la pauvre mère est loin de se douter que sa vie s'apprête à prendre un tournant encore bien plus sombre...
"Jusqu'où une mère irait-elle pour protéger sa fille ?". Digne du pire téléfilm Lifetime ou d'un vigilante movie avec un Jason Statham à perruque armé d'un fusil à pompe, cette tagline est ici pourtant idéale à appliquer à cette production Apple TV+ écrite par un scénariste d'un tout autre acabit: Brad Ingelsby. Outre la renommée des noms au casting (Julianne Moore, Sidney Sweeney, Domhnall Gleeson, Fiona Shaw et un age de tête de Kyle MacLachlan), la seule mention du créateur de la très grande minisérie "Mare of Easttown" est évidemment le principal argument qui nous a donné envie de nous jeter sur cet "Echo Valley", promesse d'un thriller forcément écrin à un portrait de femme au-dessus du lot.
En soi, si le tourbillon d'épreuves subies par cette héroïne (en plus de l'élément déclencheur du récit) pouvait ressembler à un nid de couleuvres suicidaires susceptibles de rester en travers de la gorge, la manière qu'a Brad Ingelsby de nous en partager les répliques éprouvantes au travers de sa condition actuelle -aidée par une prestation toujours immense de Julianne Moore- fonctionne avec un certain brio, trahissant la fragilité d'une femme qui s'est laissé écraser par ce rouleau compresseur de malchance sans savoir comment (ni même retrouvé l'envie de) se ressaisir ensuite.
À cela va donc répondre le retour de sa fille Claire, cristallisant l'immobilisme existentiel de Kate au sein de sa ivité maternelle face à l'addiction et les réactions imprévisibles de sa progéniture. Tantôt lumineuse tantôt véritablement terrifiante parce qu'elle fait subir à sa mère (la violence d'une séquence à ce sujet est d'ailleurs particulièrement saisissante, avec un sacré numéro des deux comédiennes), Claire va ainsi faire basculer ces ressorts de drame purement familial dans ceux d'un thriller qui, s'il n'a rien de fondamentalement original ni se montre capable d'engendrer un effet de surprise renversant (la finalité des pistes ouvertes se laisse trop souvent deviner avec un coup d'avance), s'avère malgré tout plutôt bien mené pendant un temps, trouvant toujours le moyen d'amplifier ou d'ajouter de nouveaux rouages à l'engrenage délétère à l'intérieur duquel sombre et qui l'obligera, de facto, à redevenir l'actrice de sa vie pour espérer s'en sortir.
Problème, en dépit du fait que le long-métrage de Michael Pearce se laisse agréablement suivre (et ce sans rien révolutionner, répétons-le), il faut bien reconnaître que sur la durée, il a de plus en plus mal à dissimuler son appétence vis-à-vis de certaines grosses ficelles scénaristiques qui vont hélas prendre le devant de la scène dans une phase de séquestration quand même très improbable et une résolution nous laissant sur un sentiment de facilité assez manifeste.
Bien entendu, par ses meilleurs aspects, "Echo Valley" reste une proposition très au-dessus de la multitude d'œuvres médiocres utilisant les mêmes ingrédients principaux mais, de la part de Brad Ingelsby, on est loin du raz-de-Mare qualificatif que l'on a eu à Easttown.