Présenté en avant-première à la Mostra de Venise en 2023, Crasse, premier long métrage de Luna Carmoon, vient taquiner nos narines en salles.
Après deux courts métrages remarqués en festivals, Nosebleed (2018) et Shagbands (2020), Luna Carmoon e au format long avec Crasse. La jeune réalisatrice britannique livre un projet aussi fascinant que rebutant, qui risque de donner par endroit des haut-le-cœur à certain.e.s d’entre vous. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’expérience cinématographique sans filtre, à la portée olfactive dérangeante, proposée par Crasse ne laisse personne de marbre et détonne au sein du réalisme social britannique.
Maria au pays des merveilles
« I murdered my mother, you see. Our very own catalogue of love killed her » (« J’ai assassiné ma mère, voyez-vous. Notre propre catalogue d’amour l’a tuée »). Ces deux affirmations étranges ouvrent Crasse en voix off, énoncées calmement sur le plan rapproché d’un caddie de supérette tournant sur lui-même. Ambiance. Ces phrases énigmatiques, on le comprend plus tard, résument plutôt bien le lien qui unit Maria, encore enfant, et sa mère Cynthia. Constamment fourré ensemble, ce duo mère-fille explosif trouve refuge et réconfort dans son royaume à l’abri des regards quand il n’écume pas la ville à la nuit tombée.
Atteinte du syndrome de Diogène, Cynthia vit avec sa fille dans un logement déplorable bourré de poubelles, de détritus et de rats (vivants, ou non). Maria, trop jeune pour déceler le trouble mental de sa génitrice, voit en cet amas immonde jonchant la maison du sol au plafond, aka le « catalogue d’amour », la représentation de l’amour inconditionnel que lui porte sa maman. Pleinement embarqué aux côtés de la petite fille, le spectateur se retrouve plongé avec empathie et dégoût dans le quotidien, vécu comme normal, de Cynthia et Maria. Les stigmates de cette enfance hors normes vont ressurgir dix ans plus tard chez la petite fille.
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