La syllogomanie (syndrome de Diogène) est-elle héréditaire ? Vous avez 4 heures ! Luna Carmoon, cinéaste londonienne pas encore trentenaire, en utilise deux de moins, dans un premier long métrage éprouvant, et même davantage, à certains moments. Le titre français de Crasse est en lui-même un parti-pris, pas exactement la traduction de l'anglais Hoard, et il tend à fausser l'idée de l'atmosphère du film, qui recèle pas mal de tendresse, enfouie sous des remugles sur lesquels, heureusement, la réalisatrice n'insiste pas outre mesure quant à leur caractère repoussant. Entre l'enfance puis l'adolescence, le film capte plutôt les désordres d'une héroïne instable et provocante, digne de susciter toutes sortes de réactions épidermiques. Un film inconfortable donc, dans la lignée d'un cinéma social britannique, quand celui-ci abandonne son humour pour une manière de radicalité, teintée d'onirisme, tout de même. Le récit, qui évite la linéarité, abandonne parfois certaines pistes sans cesser de se cogner à une dose de folie douce, qui pousse l'interprétation sur une ligne de crête, pas exempte d'excès. Si le temps de la projection de Crasse est parfois pénible, c'est une fois le film terminé et ses esprits retrouvés, que l'on mesure à quel point il possède une cohérence, en dépit du chaos qu'il montre, à l'écran, et qui se répercute dans nos têtes. Là où il y a Diogène, y a t-il du plaisir ?